Que faire de nos souffrances ?
La vie est pleine de défis, de douleurs physiques, de peines émotionnelles et de situations qui semblent nous dépasser. Nous avons tous, à un moment ou un autre, l’impression d’être submergés par nos épreuves. Lorsque nous faisons face à ces moments difficiles, il est naturel de chercher un moyen d’alléger ce fardeau ou de lui donner un sens.
Et si nos souffrances pouvaient être transformées en quelque chose de plus grand ? Et si, au lieu de les porter seuls, nous les remettions entre les mains de Jésus pour qu’il les transforme ? Cette démarche spirituelle, connue sous le nom « d’offrir nos douleurs à Jésus », peut paraître abstraite au premier abord, mais elle peut profondément changer notre manière de vivre nos épreuves.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Offrir ses douleurs et difficultés à Jésus ne signifie pas simplement les « faire disparaître », mais plutôt les confier à Dieu dans un acte de foi et de confiance. C’est dire : « Seigneur, je te donne cette épreuve. Prends-la et transforme-la selon ta volonté. »
Dans l’Évangile, Jésus nous invite clairement à faire ce pas :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. » (Matthieu 11, 28)
Le Catéchisme de l’Église Catholique explique que Jésus, par sa Passion, a ouvert la voie pour que nos souffrances aient un sens profond :
« Ému par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse toucher par les malades, mais il fait siennes leurs misères : » Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Mt 8, 17 ; cf. Is 53, 4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53, 4-6) et a enlevé le « péché du monde » (Jn 1, 29), dont la maladie n’est qu’une conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a donné un sens nouveau à la souffrance : elle peut désormais nous configurer à lui et nous unir à sa passion rédemptrice. » (CEC 1505)
En offrant nos souffrances, nous les unissons à celles que Jésus a vécues dans sa Passion et sur la Croix. Ce n’est pas un geste magique qui efface la douleur, mais une démarche intérieure qui nous permet de la traverser avec plus de force et de paix. C’est ce que j’ai vécu moi-même lorsque je me suis fait enlever les dents de sagesse. À ce moment-là, envahie par la douleur et la peur, je me suis rappelée que Jésus aussi avait souffert dans sa chair. J’ai dit une prière simple : « Seigneur, je t’offre cette douleur, car toi aussi, tu as souffert. » La douleur n’a pas disparu, mais elle m’a donné la force de la supporter avec sérénité.
Pourquoi offrir nos épreuves à Jésus ?
Parce que Jésus comprend nos souffrances
Jésus a connu la douleur physique, la trahison, l’humiliation et la solitude. En lui offrant nos épreuves, nous les partageons avec quelqu’un qui les comprend pleinement et qui peut les transformer. Nous savons qu’il a vécu la souffrance, et qu’il peut la prendre avec nous, à nos côtés.
Comme je l’ai constaté dans ma propre vie, quand je suis confrontée à des moments où je me sens dépassée par les besoins des personnes qui ont besoin de moi et dont j’ai la charge, je me rappelle que Jésus, dans son humanité, a aussi porté des fardeaux. En lui offrant mes épreuves, je trouve une force intérieure pour ne pas m’épuiser sous leur poids.
Parce que cela donne un sens à nos épreuves
Offrir nos souffrances à Jésus, c’est les transformer en prière, en un acte d’amour. Cela permet de dépasser l’absurdité apparente de la douleur et de la relier à quelque chose de plus grand, l’œuvre de Dieu. Cela nous rappelle que nos luttes font partie d’un grand plan divin.
Le Catéchisme nous aide à comprendre cela :
« L’Eucharistie est également le sacrifice de l’Église. L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. » (CEC 1368)
Parce que cela nourrit l’espérance
Jésus, par sa Résurrection, nous montre que la souffrance n’a pas le dernier mot. Offrir nos épreuves à Jésus, c’est aussi se rappeler qu’un jour, nous serons au paradis avec lui, libérés de toute douleur. Cela nous invite à regarder au-delà des difficultés présentes, dans l’espérance d’une rédemption future.
Le Catéchisme nous rappelle cette vérité :
« Le jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute l’œuvre de la création et de toute l’économie du salut, et nous comprendrons les chemins admirables par lesquels Sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort. » (CEC 1040)
Comment offrir nos douleurs concrètement ?
Offrir nos épreuves peut se vivre de plusieurs manières dans notre quotidien :
Dans la prière
Prenez un moment pour parler à Dieu avec simplicité, comme à un ami. Par exemple :
« Seigneur, je t’offre cette journée difficile. Prends mes peurs, ma fatigue et mes frustrations. Aide-moi à les vivre avec amour et patience. »
Dans les petits gestes du quotidien
Chaque tâche, même la plus ordinaire, peut devenir une offrande si elle est faite avec amour. Par exemple, s’occuper d’un proche malade ou gérer un conflit familial peut devenir un acte de foi si on le remet à Jésus. L’offrande peut se faire dans le simple fait de donner de soi-même avec amour.
En acceptant nos limites
Offrir nos douleurs, c’est aussi reconnaître que nous ne pouvons pas tout contrôler. C’est accepter que Dieu guide nos pas et nous soutienne quand nous n’avons pas la force d’avancer seules. Cela m’aide aussi à poser des limites dans des situations où je me sens accablée.
Les fruits de cette démarche
Offrir nos souffrances ne signifie pas nier nos émotions ou nos difficultés, mais les vivre autrement. Voici ce que cela peut apporter :
- Une paix intérieure plus grande, même au milieu des épreuves.
- Une force renouvelée pour avancer, un jour à la fois.
- Une plus grande proximité avec Jésus, qui devient un compagnon fidèle dans nos luttes.
Et si vous essayiez ?
Offrir nos douleurs et nos difficultés à Jésus est une démarche simple, mais puissante. Elle ne demande pas de grands mots ou de gestes compliqués, seulement un cœur ouvert. Prenez un moment aujourd’hui pour dire à Dieu :
« Seigneur, je t’offre ce que je vis. Donne-moi la force de le traverser avec toi. »
Et peut-être découvrirez-vous que, même au milieu des tempêtes, il est possible de trouver la paix et l’espérance.
Je vous invite à essayer cette démarche spirituelle dans votre quotidien, même si c’est par de petites étapes. Offrir à Jésus vos douleurs et vos défis ne les effacera pas, mais les transformera en quelque chose qui vous lie davantage à Lui. Comme je l’ai appris dans ma propre vie, cette offrande n’est pas une soumission à la souffrance, mais un acte de foi qui vous permet de traverser vos épreuves avec plus de force, d’espérance et de paix.