La sainteté peut sembler un idéal lointain, réservé à des âmes extraordinaires ou à des figures héroïques de la foi. Pourtant, elle est un appel universel adressé à chacun d’entre nous, quelle que soit notre histoire ou nos imperfections. Ce thème est particulièrement d’actualité alors que l’Église se prépare à canoniser Carlo Acutis, un jeune de 15 ans surnommé « le geek de Dieu », qui a marqué les esprits par sa vie ordinaire illuminée par une foi extraordinaire. Son exemple nous invite à réfléchir : et si la sainteté était aussi à notre portée ?
Cette réflexion nous mène à une question universelle : Qui peut être saint, et comment ? Les réponses à cette interrogation peuvent inspirer tous ceux qui aspirent à se rapprocher de Dieu, que l’on soit au début de son cheminement spirituel ou déjà engagé dans une vie de foi.
Un chemin personnel, pas une perfection imposée
La sainteté n’est pas synonyme de perfection humaine au sens d’un état sans défauts ou sans erreurs. Elle se définit plutôt comme une fidélité sincère à Dieu, un désir profond de suivre ses enseignements, et une réponse aimante aux défis et aux épreuves de la vie.
Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, il est rappelé que « Tous les fidèles du Christ sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité » (CEC 2013). Cette perfection est un cheminement, une progression soutenue par la grâce divine et par nos efforts personnels.
Jésus a dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48). Ce verset, souvent intimidant, mérite d’être compris dans son contexte. La perfection ici n’est pas une exigence d’infaillibilité ou de pureté absolue, mais une invitation à aimer comme Dieu aime : de manière inconditionnelle et miséricordieuse. Cette perfection, dans la perspective chrétienne, se réalise dans la charité (CEC 826), c’est-à-dire dans notre capacité à refléter l’amour divin dans nos relations et nos actions.
Ainsi, même ceux qui se sentent imparfaits ou insuffisants peuvent s’avancer sur le chemin de la sainteté. C’est un voyage spirituel où les chutes et les relèvements, accompagnés par la miséricorde de Dieu, sont des étapes essentielles. En effet, comme le souligne le CEC : « La conversion est un chemin qui conduit à la perfection chrétienne » (CEC 1439).
Conseils pratiques pour incarner cette approche :
- Accepter ses limites : Reconnaissez vos imperfections sans vous décourager, en les offrant à Dieu dans la prière. Cela ouvre la porte à la grâce transformante.
- Faire des actes d’amour : Chaque geste de charité, aussi simple soit-il, participe à cette « perfection de la charité » que Dieu attend de nous.
- Chercher l’aide des sacrements : Le sacrement de la Réconciliation, en particulier, est un soutien précieux pour recevoir la miséricorde et avancer malgré nos faiblesses.
En résumé, la sainteté n’est pas une course vers une perfection irréaliste, mais un chemin d’amour, de foi et d’espérance où chaque pas, même petit, compte aux yeux de Dieu.
La sainteté dans la vie quotidienne : quelques exemples inspirants
De nombreux saints ont vécu des vies ordinaires avant de répondre à cet appel divin. Par exemple, Sainte Monique, mère de Saint Augustin, a été une femme mariée et a consacré sa vie à prier pour la conversion de son fils. Malgré un mariage difficile, elle est devenue un modèle de persévérance et d’amour maternel.
Sainte Elisabeth Ann Seton, une mère de famille et veuve américaine, a été canonisée non pas parce qu’elle était parfaite, mais parce qu’elle a vécu sa foi au quotidien, en s’occupant de ses enfants et en fondant des écoles pour aider les plus démunis.
Ces exemples montrent que la sainteté n’est pas réservée aux religieux ou aux mystiques, mais qu’elle peut se vivre dans les petites choses de la vie : aimer, pardonner, persévérer dans les épreuves.
Les obstacles personnels comme terrain de sainteté
Les défis personnels, qu’ils soient physiques, émotionnels ou spirituels, ne sont pas des obstacles à la sainteté, mais des opportunités de grandir dans la foi et la vertu.
Lorsque nous sommes confrontés à des péchés ou des faiblesses qui semblent difficiles à surmonter — qu’il s’agisse de colère, d’envie, de paresse ou de manque de maîtrise de soi — nous avons l’occasion de cultiver des vertus telles que la tempérance, la patience ou l’humilité.
La tempérance, en particulier, est une vertu essentielle dans la vie chrétienne. Saint Thomas d’Aquin la décrit comme la capacité à maîtriser ses désirs et à vivre avec modération, non pour se priver mais pour être pleinement libre. Apprendre à vivre cette tempérance dans nos actions quotidiennes, c’est déjà avancer sur le chemin de la sainteté.
Ainsi, chaque lutte contre une faiblesse devient un acte de foi. Plutôt que de voir nos péchés comme des freins, nous pouvons les considérer comme des terrains d’apprentissage où Dieu nous invite à grandir. En Lui offrant nos efforts, même imparfaits, nous témoignons de notre désir de Lui plaire et de nous rapprocher de Lui.
Les saints eux-mêmes ont souvent affronté des tentations et des luttes intérieures. Leur sainteté ne réside pas dans l’absence de combat, mais dans la manière dont ils ont appris à se relever et à se tourner vers Dieu. Le chemin de la sainteté, c’est avancer avec confiance, pas à pas, dans une vie qui cherche à honorer Dieu.
La sainteté, une réponse à l’amour de Dieu
La sainteté ne consiste pas en un statut social ou une récompense, mais en une réponse à l’amour de Dieu. Elle reflète une relation vivante, un cheminement constant, parfois imparfait, vers Celui qui nous appelle à être pleinement nous-mêmes en Lui.
Chaque personne, qu’elle soit baptisée récemment ou depuis longtemps, qu’elle débute sa conversion ou qu’elle cherche à approfondir sa foi, est invitée à répondre à cet appel divin. Ce chemin ne se mesure pas à l’absence de fautes, mais à la manière dont on cherche à avancer malgré les défis et les imperfections.
Pour cheminer vers la sainteté au quotidien, voici quelques conseils :
- Cultiver une relation avec Dieu : Prenez le temps de prier, de lire les Écritures et de vous mettre à l’écoute de ce que Dieu vous inspire. La sainteté commence dans une vie enracinée dans la foi et l’amour.
- Pratiquer les vertus : Que ce soit la patience, l’humilité, la tempérance ou la charité, ces vertus sont des étapes concrètes pour grandir dans la sainteté. Identifiez une vertu que vous souhaitez développer et faites-en un objectif spirituel.
- Offrir vos luttes et vos efforts : Les combats personnels, qu’ils soient contre des péchés, des faiblesses ou des souffrances, peuvent devenir des offrandes spirituelles. Transformez chaque effort en prière, en demandant à Dieu de vous aider à avancer.
- S’entourer de soutien spirituel : Une communauté chrétienne, un prêtre, ou des lectures inspirantes peuvent vous guider et vous encourager dans votre cheminement. La sainteté n’est pas un chemin solitaire.
- Se relever après chaque chute : Comme l’ont fait de nombreux saints, ne vous découragez pas face à vos échecs. Dieu regarde votre désir sincère de vous rapprocher de Lui, plus que vos réussites immédiates.
Ce cheminement est unique à chacun, mais la promesse reste la même : en cherchant à aimer Dieu et les autres, à grandir dans la foi et à répondre à l’appel de l’Évangile, nous avançons chaque jour un peu plus vers la sainteté.
Un appel universel
La sainteté est un appel pour tous, y compris pour toi, dans ton quotidien, avec tes défis, tes forces et tes faiblesses. Ce n’est pas un idéal lointain, mais une réalité à construire jour après jour, en aimant Dieu et en servant les autres.
Peu importe où tu te trouves sur ce chemin, souviens-toi que chaque petit pas compte. Dans chaque acte d’amour, chaque effort pour surmonter une faiblesse, chaque prière sincère, tu réponds à cet appel universel. Et qui sait ? Peut-être que ta propre vie, avec ses joies et ses luttes, deviendra un jour un témoignage de sainteté pour les autres.